Tableau Jordi Isern 53x71
Tableau Jordi Isern.
53 x 71 cm.
Le travail de Jordi Isern se rapproche grandement d'un genre définit de réalisme abstrait. Ses portraits sont coupés, gravés de signes, genre d'écritures illisibles. Le résultat sont ces peintures dans lesquelles l’artiste concentre son attention sur le corps humain, qui acquiert un sens symbolique profond. Par son emploi du clair-obscur, sa nudité, l’ascétisme de sa gamme colorée, la peinture de Jordi Isern inquiète, provoque, elle ramène le spectateur à son essence, à son néant. Les corps peints par Jordi Isern ont une gamme chromatique intentionnellement limitée: ocres, bruns, gris.
Né à Barcelone en 1962
Vit à St. Iscle d’Emporia, Espagne
Un corps à corps avec l’univers
Une vision superficielle des oeuvres de Jordi Isern pourrait les confondre avec les linceuls palimpsestes qui auraient gardé la trace des corps qui y reposèrent, des corps solitaires, asexués, primordiaux, le corps de chacun d’entre nous, la conscience ou l’inconscience que nous en avons. J’ai parlé d’une vision superficielle, externe car, par on ne sait quel mystère mais aussi talent de l’artiste, au fond ces corps sont vivants comme nous qui les contemplons, comme Jordi Isern qui les a créés, ils sont le résultat d’une ascèse, d’une décantation, ce qu’il reste de la perception de notre corps quand nous avons fait le vide en nous, que nous nous sommes débarrassés de tout ce qui est superflu, accessoire, et que, par une sorte de révélation ultime de l’expérience mystique, le néant débouche sur le tout, quand le corps fusionne avec le monde, se confond avec lui. Etre vivant pour un corps, contrairement à l’image externe que nous en avons, nous les occidentaux, qui consiste à bouger, à parcourir vainement l’espace infini du monde, être vivant donc, si l’on est fidèle à l’image interne qu’en a la philosophie ésotérique orientale, en particulier le bouddhisme, serait d’être immobile comme le sont généralement les corps peints par Jordi Isern, d’occuper tout l’espace du tableau pour montrer ainsi, dans la composition même et dans les limites floues avec le fond plus sombre, qu’ils sont en communion sensorielle avec le monde qui les entoure et dont ils font partie intégrante. J’ai dit que l’idéal serait que ces corps fussent immobiles, sereins, mais ils ne le sont pas, ils sont dressés, coupés, gravés de signes, de graphismes qui sont comme des stigmates, d’écritures illisibles qui nous disent la difficulté de l’entreprise métaphysique de Jordi Isern : oublier la douleur des corps, impossibilité de donner par des moyens matériels comme les pigments, les couleurs même d’une gamme éteinte, une image de l’immatériel. Le choix conscient de fragments de corps, de torses généralement, me semble une tentative réussie de fusion avec l’espace environnant, le cosmos. Par son emploi du clair obscur, sa nudité, l’ascétisme de sa gamme colorée, la peinture de Jordi Isern inquiète, provoque, elle ramène le spectateur à son essence, à son néant, mais celui qui va au fond des choses et des œuvres de Jordi Isern verra que ce n’est qu’à partir de là que son corps prend tout son sens, et que la mort qui le guette et l’effraie s’abolira lorsque son corps, comme ceux de Jordi Isern, renaîtra en se confondant avec le monde.
Eliseu Trenc, Commissaire d’exposition
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